L’atmosphère surprenante de la pièce suivante dénotait sensiblement de tout les décors qu’ils avaient traversés jusqu’ici. Comme son ami, ce qui captiva d’abord l’attention de Ryu fut l’orbe lumineux. Il évalua cependant la pièce du regard avant de suivre le chevelu. Contrairement aux autres salles, celle-ci était décorée. Plusieurs statues et autres objets y avaient étés sciemment installés. Le bonze sourit à l’une des sirènes, approchant son visage tout près de la statue.

Quelle énigme se cache ici ? Demanda-t-il.

Le temps de sa question son visage emprunta celui de la femme-poisson, mais redevint celui d’un bonze tandis qu’il jetais un œil au brun.

Magnifique ?

Cette fois le moine chauve était curieux. Que voyais Qarsan dans l’orbe ? S’en approchant, il plongea a son tour son regard dedans.

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Une gravure ? Quelle gravure ?

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Telle une perle nacrée, cette orbe envoûtait de sa splendeur le mercenaire brun qui ne voyait plus qu'elle. Beauté lisse sans défaut. Elle se dévoilait à lui sans retenue. Cette vision enchanteresse illuminait par sa simple présence les environs, il était sous le charme. À tel point qu'il ne remarqua pas cette fente à l'intérieur de l'orbe qui se tourna dans leur direction et qui les fixait sans relâche. On aurait un œil ? Mais oui c'est bien cela, ce globe phosphorescent n'était rien de moins qu'un œil gigantesque.

Vous pensiez que la menace provenait de ces magnifiques demoiselles à queue de poisson ? Comme vous vous trompez lourdement. Le chant des sirènes, une métaphore pour parler de ce qui pouvait attirer comme l'avait été la connaissance pour la lumière. La gravure ne mettait pas en garde contre les statues aux corps voluptueux mais bien contre ce qui avait hypnotisé l'habitant du désert.

Il voulu poser la main pour toucher cette perle gigantesque quand ce qui semblait être son super se referma dessus, la protégeant telle une carapace solide. La paupière de cet œil. Mais attendez, qui dit œil, dit créature non ? Les deux « hommes » ne voyaient que la partie immergée de l'iceberg. Un bruit de verre explosé résonna à leurs oreilles tandis que le brun fut happé par quelque chose et traîné au fond de l'eau.

Bien à l'abri loin de l'orbe enchanteresse, il pouvait voir le vrai visage de ce qui le détenait prisonnier sous les flots. Une créature gigantesque, des tentacules ondulant de partout, un bec acéré et affamé. Une pieuvre colossale qui n'attendait plus que des infortunés pour tomber dans son piège et devenir son futur repas. Malheureusement pour le duo, ils semblèrent inscrit au menu.

Le brun voulut se dégager de l'étreinte mais il n'y parvenait pas. La bestiole le tenait dans son étau tentaculaire. Combien de temps pouvait tenir un être humain sous l'eau ? Ryu risquait fort de le découvrir s'il ne venait pas rapidement à son aide.

L’orbe était certes joli mais pas aussi passionnant que Ryu l’espérait. Il ressemblait presque à un œil avec cette fente latérale en son centre, mais le changelin n’y vit rien de particulier. Déçu, il allait s’en détourner lorsqu’une paupière se referma dessus... une paupière ? Les plaques de verre qui composaient le sol éclatèrent brusquement, défoncées par un tentacule, et le changelin s’effondra dans l’eau qui se trouvait en dessous.

Sous l’eau, il pu voir à quelle créature il avait affaire et aperçu son ami du désert entraîné malgré lui par le fond. Ryu souhaitait tenir sa parole de ne causer aucun dommage  en ce lieu, mais ne voulait pas non plus laisser Qarsan se faire dévorer par cette pieuvre. Son ami avait encore des informations a lui confier, et Ryu l’appréciait assez. Le perdre déjà était plutôt dommage. Se changeant brièvement en eau, le changelin quitta sa tenue pour ne pas l’abîmer, puis copia la créature, devenant un double parfait du monstre géant. Le nouveau titan s’abattît avec force sur l’original, enserrant chaque tentacule adverse avec les siens avant de l’aveugler sous un épais nuage de sépia. La pression exercée sur le tentacule maintenant Qarsan était la plus élevée, le serrant afin de le forcer à lâcher sa proie. Les deux titans s’abîmèrent de plus en plus profond lorsque Ryu changea brusquement de forme pour devenir un tout petit poisson. Libérée de son adversaire, la pieuvre stabilisa sa chute mais ne vit pas le métamorphe entrer dans sa bouche et se changer, cette fois, en bactérie.

Ryu connaissait bon nombre de maladies non létales mais aux symptômes capables de mettre le pauvre octopode hors jeu. Se divisant par mitose, le changelin créa de plus en plus de bactéries souches. Séparées du métamorphes ces dernières ne faisaient plus partie de lui, mais joueraient leur rôle comme Ryu l’attendait d’elles. Quittant son hôte, le changelin se changea en dauphin et remonta vers la surface, récupérant ses frusques et aidant Qarsan au passage. Si le mercenaire brun manquait de souffle ou était inanimé le métamorphe pouvait toujours devenir sirène et partager l’air de ses poumons. Les baisers de sirènes avaient le don de sauver de la noyade.

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La poitrine écrasée par le tentacule qui l'entourait de son étau de chair, le mercenaire avait du mal à garder conscience. Dans cette étendue d'eau, il était ballotté dans tous les sens par le membre imposant et cela s'accentua lorsqu'un deuxième octopode fit son apparition. Génial ! Comme s'il n'avait pas déjà assez de mal avec un. Mais contre toute attente, la créature s'avéra être un allié qui faisait son maximum pour le libérer au plus vite et mettre leur adversaire hors de nuire sans toutefois l'occire. Il ne connaissait qu'une seule personne capable de telles prouesses : Ryu.

Comme un idiot, il avait oublié que son partenaire était un changelin. C'est donc rassuré qu'il attrapa, à son passage, la nageoire dorsale du dauphin et put gagner la surface et nager jusqu'à l'autre extrémité de la pièce sans aucunement avoir été affecté par le temps passé sous l'eau à nager. Mais bon, il était vrai que son ami avait fait vite pour le sortir de ce mauvais pas, il faudrait vraiment qu'il le remercie quand tout ceci serait terminé.

Arrivés à la porte menant à la pièce suivante, il en profita pour essorer un peu des vêtements et son turban qu'il refusa toutefois d'enlever. Il laissa aussi un peu d'intimité à Ryu pour se vêtir. Une fois les deux mercenaires prêts, Qarsan ouvrit la marche et commença son périple à travers un long couloir vide. Par contre, il pouvait sentir que plus ils avançaient et plus il faisait chaud.

Certes, ayant vécu une bonne partie de sa vie dans le désert, il était habitué aux fortes températures mais ici l'air y était quasiment irrespirable. À chaque inspiration, il avait l'impression que ses poumons étaient en train de brûler de l'intérieur. Une forte quinte de toux le prit et il utilisa le tissu pendant de son turban pour cacher son nez et sa bouche. Plus ils avançaient et plus la chaleur était infernale, allaient-ils au cœur de la terre ? Ses vêtements étaient désormais bien trempés par sa sueur.

« - J'annonce : une fois sortis de ce temple, c'est bain pour tout le monde. Je paye a tournée. »

Ironisa-t-il alors qu'il découvrit la raison de cette hausse soudaine de température. Dans la nouvelle pièce offerte à leurs yeux se trouvait un parcours du combattant sur lequel étaient disposés différentes torches. Les plate-formes qui constituaient le passage étaient étroites et friables et il était certain que certaines lâcheraient s'ils restaient trop longtemps dessus. Le temps avait eu raison de pas mal de choses dans ce temple on dirait.

Cette fois ne voulant plus faire un speed-dating avec un poulpe ou une autre saloperie à tentacules, le mercenaire chercha du regard une gravure semblables à celles des salles précédents et fut plus qu'heureux d'en découvrir une à l'entrée, juste à coté d'eux. Au moins ils n'allaient pas devoir faire des cabrioles pour chopper l'indice de la salle. Il s'en approcha et lut les inscriptions à haute voix.

« - Au rythme de l'amitié, entame la danse du feu pour réveiller la flamme. »

Pour une fois ce n'était vraiment pas compliqué. C'est sûr qu'ils allaient avoir l'air de deux saltimbanques à sautiller partout pour allumer les différents braseros. Motivé à quitter cette pièce suffocante au plus vite, il attrape l'une des torches accrochée au mur et s'élança sur le parcours du combattant, il allait devoir toutefois faire attention : les chutes dans la lave ont cette facheuse manie d'être souvent létales. Il soupira.

« - husna, alan daeuna alruqsa. »

Libérés des eaux, les mercenaires entamèrent la suite de leur périple. La température montait de plus en plus, et Qarsan fit une annonce que le changelin s’empressa d’approuver.

Alaietimad ealaa li 'an 'adhkrukum, ya sadiqi !
(Compte sur moi pour te le rappeler, mon ami !)

Au bout du long couloir le duo put contempler l’épreuve suivante qui les attendait. La salle toute entière était un immense gouffre  au fond tapissé de lave. La chaleur était suffoquant, et ne devait pas être loin des milles degrés. Rester dans cette salle trop longtemps risquait de les cuire et de les déshydrater. Seul quelques plate-formes éparses formaient deux chemins : L’un longeant le mur de droite, et l’autre suivant le mur de gauche. Passer de plate-formes en plate-formes demanderait de gros efforts physiques, particulièrement pénibles avec cette chaleur, et le tout en gardant une torche allumée dans les mains. Le chauve examina la pièce du regard tendit que le brun lisait l’indice.. Rien ! Aucune porte ! Aucune issue ! Le chemin ne s’ouvrirait que s’ils réussissaient l’épreuve. Qarsan s’empara d’une torche et choisit le chemin de dextre. Saisissant l’autre torche, Ryu prit celui de senestre.

Dansons en rythme, Sadiqi ! Embrasons nos braseros
de concert, cette épreuve réclame certainement
d’être synchrone !

Sautant sur la première plate-forme, Ryu attendit que son ami soit prêt pour allumer leurs deux braséros en même temps. La sueur rendait sa torche glissante dans ses mains. Les yeux du changelin se remirent a luire de toutes les couleurs... Ce premier braséro était le plus facile à atteindre, les autres demanderaient plus de gymnastiques !

Dé du destin :

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الصداقة هي السحرية

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