L'étalon noir fendait la plaine à toute allure, l'écume à la bouche. A chaque pas, il exhalait un bruit rauque qui trahissait des efforts trop longtemps prolongés. Mihnea lança un regard en arrière. Au loin, rien que la poussière que les sabots de sa monture faisait encore voler. Il invoqua alors d'une pensée le petit cerbère de feu, qui apparut soudain près de l'étalon. La créature magique jappa en voyant son maître le distancer, et tenta de le poursuivre. Ses petites pattes ne lui permirent pas d'aller bien loin, et il fut bientôt hors de vue. Mais en vie. Rien n'était surgi du sol pour l'avaler tout rond. Mihnea se retourna sur sa monture et réfléchit en examinant l'état de celle-ci. Et puis, quelques minutes plus tard, il tira brusquement sur les rênes, interrompant sa course effrénée.

Les sens aux aguets, il balança une jambe par dessus la selle et se laissa tomber doucement sur le sol. Pas un bruit, pas un frémissement sous la terre. Il semblait que les créatures s'étaient trop attardées sur les mercenaires, et n'avaient pas voulu poursuivre la dernière proie du groupe. Mihnea s'empara de la bride et tira sans douceur, agacé. Il avait engagé les trois mercenaires pour le protéger et ils avaient effectivement rempli leur rôle, mais aux trois quarts du chemin seulement ! Il avait bien fait de ne verser que la moitié de la somme promise; mais cette pensée n'était qu'une modeste consolation.

Menant le cheval par la bride, Mihnea avançait d'un bon pas, bien décidé à rejoindre Alesia. Il avait longtemps chevauché, déja avant de se faire assaillir par les vers géants de la plaine. Après cette fuite, il préférait encore marcher que de rester un instant de plus en selle. Par ailleurs, la monture était épuisée. Le petit cerbère, en revanche, finit par le retrouver, plein d'énergie. Ravi, il suivit dignement son maître. Seule sa queue battant l'air trahissait son enthousiasme.

Au bout de deux heures de marche, Mihnea découvrit une partie de la plaine recouverte de roche grenadine. L'herbe n'y poussait pas, et aucun trou n'attestait du passage des vers géants. Appréciant la sécurité apparente du sol, il décida de s'arrêter pour la nuit. Il attacha la bride du cheval à une roche qui se dressait vers le ciel à une hauteur d'homme; dans les creux anguleux à ses pieds, des flaques d'eau abreuveraient l'animal. L'endroit lui parut parfait, compte tenu de la région. Après avoir avalé une bouchée de lambas et but à sa gourde, il s'assit contre un rocher et ferma les yeux. Il ne s'endormait pas encore. Il faudrait bien une heure avant que le sommeil n'agisse sur lui. En attendant, il guettait les bruits de la plaine, silencieux et invisible. La tombée de la nuit lui avait permis de disparaître dans les ténèbres, une protection non négligeable en ces terres hostiles.

La petite invocation de feu grognait. Mihnea rouvrit les yeux, sans un mouvement risquant de rompre le sortilège d'invisibilité. Le chiot à trois tête défilait devant lui, stoppé en plein bond; un cerceau d'acier le déchiquetait en deux. Mihnea leva le poing pour parer l'attaque de son gant d'écailles, et roula sur le côté, s'éloignant juste assez pour se donner le temps de se relever en posture offensive. Un peu plus loin, le cheval se cabrait en poussant des hennissements paniqués qui retentissaient dans la plaine.

L'attaquante était une adolescente à l'air dément. De la haine et de la colère se lisaient dans son regard, aussi criantes qu'un hurlement de rage. Pathétique, son apparence bouffonne et vulgaire jurait avec le sérieux de son aversion. Mihnea ne l'avait jamais vue, il en était sûr. Les personnes qu'il rencontrait le marquaient rarement, mais il était certain qu'il n'aurait pu oublier une allure aussi grotesque.

Cependant, il n'était pas dupe. Tout en elle indiquait un ennemi dangereux qu'il n'égalait pas au combat. La rapidité et la force de son attaque, la fluidité de ses mouvements, l'assurance propre aux experts martiaux qui se dégageait d'elle... Il fallait vite calmer ce boulet de fureur avant que le combat ne soit engagé pour de bon. Mihnea réfléchissait à la la hâte. Un seul ennemi lui vint à l'esprit.

- C'est pour Vlad, que tu es là ?

Il se reprit presque aussitôt, se souvenant du surnom du vampire.

- Alucard, c'est lui que tu venges ?

A peine son hypothèse émise, Mihnea sut qu'il avait raison. De retour depuis quelques mois seulement sur Calypta, il ne connaissait qu'une personne à qui il avait suffisamment nuit pour susciter un tel esprit de vengeance. Mais outre les motifs de sa colère, l'apparence de l'inconnue appuyait fortement ses spéculations. Elle lui ressemblait. Pas dans les traits, elle n'avait pas grand chose des Dracula en dehors de la couleur d'encre de ses cheveux attachés en couettes enfantines. Mais le ridicule de sa tenue, le mélange de grotesque et de force qu'elle inspirait; c'était du Vlad tout craché. Une espèce de brute sadique et surpuissante dont la supériorité physique était d'autant plus humiliante pour ses victimes qu'elle se cachait derrière une apparence de bouffonnerie crâneuse.

Ses yeux s'écarquillèrent de surprise, et son corps réagit instinctivement au cri de l'adversaire, le sauvant de ses griffes - mais de justesse. Elle paraissait encore plus démente maintenant qu'il avait tenté de la raisonner. Elle attaqua de plus belle, ses mouvements plus vifs et plus puissants. Mihnea opposait tant bien que mal ses poings aux griffes hystériques, si concentré qu'il ne comprit pas tout de suite ses réparties sans queue ni tête. Et puis soudain, la colère de la démente, ses accusations, tout prit un sens. C'était une vieille histoire qui se répétait, comme une malédiction qu'il redécouvrait. Il n'avait tout simplement pas imaginé qu'elle put encore avoir lieu aujourd'hui. Alors que lui et Vlad n'étaient connus que de peu de personnes, alors que l'un était homme quand l'autre était vampire. Mais cela seul expliquait la situation ; la démente le prenait pour Vlad.

Passée la surprise, la colère l'envahit. Il redoubla de vitesse. L'acier de ses gantelets sonnaient contre les griffes ennemies. Il ne se défendait plus seulement, il attaquait. Il s'épuisait d'autant plus, mais il ne le ressentait pas.

- Ai-je... l'air... d'un clown... souriant... et grotesque ?

Siffla-t-il sans cesser de frapper.

- Ai-je... l'air... d'un foutu... cadavre... blafard ?

Il ne se souvenait pas avoir allumé le feu de ses gantelets, et pourtant des flammes couraient le long de ses avant-bras.  Il ne remarqua pas le changement d'expression et d'attitude de la jeune femme. Il ne remarquait plus rien.

- AI-JE L'AIR D'UN MORIBOND HILARE ET DÉGÉNÉRÉ ???!!

Il semblait sur le point d'abattre le poing sur le visage de la forcenée, mais un fouet de ténèbres apparut au dernier moment pour s'élancer vers le cou de cette dernière. Si l'arme manquait sa cible, l'ouverture laissée serait trop difficile à combler pour Mihnea. Bien qu'il ne le sentit pas, ses efforts avaient laissés son corps épuisé, et il serait incapable d'éviter une prochaine attaque si la furie parvenait à esquiver.

Mihnea répondit par un cri étouffé à la douleur intense qui fusa dans son bras. Incapable de relever le bras pour parer le cerceau de la folle, il s'immobilisa lorsque celui-ci menaça de lui trancher la gorge. Le souffle court, il sentait l'arme lui égratigner la chair alors qu'il respirait à pleins poumons. Puis, un coup de pied l'envoya au sol. Un second cri de douleur lui échappa alors qu'une nouvelle explosion se propageait dans son bras. Il se redressa sur son autre bras pour observer la folle furieuse. La sueur et le sang nappaient son visage grimaçant. La bêtise insensée et la supériorité martiale écrasante de son ennemie redoublaient sa rage et lui inspiraient une multitude de réactions virulentes. Mais elle pouvait l'achever sur un coup de tête, et sa patience, si tant est qu'elle en avait la moindre, semblait au bord de ses limites.

- Parce que je suis du même sang !

Aboya-t-il, plein de ressentiment. Comme elle brandissait son cerceau, il exigea d'un ton impérial :

- Baisse ton arme, il est mon ennemi autant que le tien !  

Le regard brillant de colère, il ajouta d'une voix plus calme :

- Si toutefois il est toujours de ce monde.

Il laissa s'écouler un long moment pour que l'information s'insinue dans l'esprit de la démente, espérant qu'elle suffirait à la désarçonner.

- Je l'ai vu il y a un peu plus d'une semaine, et il était en très mauvaise posture à ce moment là. Assied-toi, nous avons tous deux à parler.

Accoudé au sol, blessé, Mihnea avait l'air, malgré sa posture, de disposer de la situation.

- Parce qu'il est fourbe et ne s'attache jamais assez pour se confier sincèrement... Mais je ne t'apprends rien, tu le connais bien.

Calme, avec une pointe de haine froide, sa déclaration passait pour une honnête constatation. Et bien qu'il pensa effectivement ses paroles, son intention n'était pas tant de répondre à la jeune femme, et encore moins de se répandre en aveux personnels. L'inconnue avait l'air capricieuse et instable. Or, sa haine pour Vlad, il la voulait tenace. Il l'aiderait à l'entretenir, et parviendrait peut-être à se faire un complice en qui elle aurait confiance. A défaut de l'apprécier. Une amitié serait préférable , mais il doutait de pouvoir feindre une pareille relation avec elle.

Elle s'était installée comme une enfant sur le point d'écouter une histoire. Aussi s'efforça-t-il, comme avec une enfant, d'entretenir son intérêt. Il irait au vif du sujet, parlerait simplement et sans fioriture.

- Vlad est mon aîné, mais il n'aspirait pas à régner. Nous étions convenu que je succéderais au trône. Quand l'heure fut venu, il prétendit que son Dieu le voulait pour seul successeur et qu'il ne pouvait honorer sa promesse. Nous entrâmes en guerre, et je passai des années en prison, car il n'eut pas le courage de mettre fin à mes jours. Il ne voulait pas se salir les mains, tu comprends, son Dieu le lui interdisait. Un jour, alors qu'il était en guerre, une Mathusalem - l'un des vampires les plus vieux et les plus puissants de Calypta - mit le royaume à feu et à sang. Elle fut à l'origine de ma mort, mais aussi de la sienne.

Il dévisageait subrepticement la jeune femme, attentif au moindre changement d'expression. Elle avait été blessée d'apprendre l'existence d'un frère - comment appréhenderait-elle les secrets plus lourds du passé du vampire ? Il fut direct, espérant la blesser davantage.

- Sa femme et ses enfants périrent aussi, naturellement. J'ignore ce qu'il vécu exactement ensuite, en dehors du fait qu'il se libéra de l'autorité de sa "mère" et devint mage du sang. Quant à moi, je passai des siècles en enfer, et n'en sortit qu'à l'appel d'un Esper. Je me liai alors avec des dragons et appelai Vlad à me rencontrer dans un désert afin d'assurer ma vengeance, mais l'un d'entre eux s'opposa finalement à sa mise à mort et se fit son protecteur. Alors je tentai un autre plan. Je lui proposai de nous venger ensemble de la Mathusalem qui nous tua. Il ne fut pas long à convaincre, et nous partîmes à sa rencontre, dans son château au Sud-Ouest. Je comptais sur la puissance de la vampire pour l'achever. Malheureusement, tout ne se déroula pas comme prévu. Elle parvint à le retourner contre moi et plutôt que de l'affronter elle, il s'attaqua à moi. Je réussis à m'échapper du domaine, mais pas lui. Il est resté à la merci de la Mathusalem. J'ignore ce qu'elle en a fait exactement... Il n'a pas réapparu depuis. Mais je la sais de nature cruelle et vindicative. Si elle ne l'a pas tué, elle doit se jouer de lui à ses propres dépends, probablement d'une façon que personne ne lui envierait.

Mihnea guetta la réaction de la jeune femme. Qu'elle montra le moindre signe d'inquiétude, et ses espoirs d'alliance s'effondreraient. Si elle était encore attachée au vampire, celui-ci n'aurait aucun mal à se servir d'elle. C'était une idiote, elle lui serait trop aisée à manipuler.

Jalousie, douleur, amertume et rage fustigèrent le visage de la démente. Mihnea n'aimait pas ces preuves d'attachement qui par trop l'avertissaient de l'instabilité de l'alliance à laquelle il avait songé. Non. L'adolescente ne lui servirait à rien. Elle était forte, mais pas assez pour venir à bout de Vlad, et sa stupidité contrebalançait de toute façon sa puissance. Elle pouvait néanmoins représenter un danger pour lui ; mieux valait l'éliminer.

La nuit s'était enfin couchée, et seule la lune permettait encore d'y voir dans la pénombre de la plaine. Mihnea réfléchit et décida :

- Je vais en direction d'Alesia, c'est sur le chemin. Quoi que, encore cela dépend-il de la façon dont tu veux y aller, car il serait plus sûr de prendre la mer. Suis-moi jusqu'à la prochaine ville sur notre trajet. Quand nous serons arrivés, je te trouverai la carte du territoire sur lequel se cache la vampire et y désignerai son domaine. Mais reposons nous avant de reprendre la route ; de nuit, mon destrier pourrait bien ne pas survivre aux dangers de la plaine, et il a besoin de repos lui aussi.

Le seigneur ne s'imagina pas un instant guider l'adolescente jusqu'au chateau de Morrigan. Vlad, même dans le doute de sa mort, menaçait sa vie. Tant qu'il n'aurait pas de certitude, Mihnea se considérerait comme la cible d'une créature surpuissante. S'il avait cru en la démente, en ses capacités à détruire le vampire, il n'aurait pas hésité à lui donner les meilleures chances de réussite en l'accompagnant lui-même. Mais il n'en était rien. C'était une gamine hystérique, une idiote capricieuse qui ne savait pas seulement se maîtriser elle-même. Mihnea espérait qu'elle mourrait vite sur le domaine de Morrigan. Vivante, elle serait bien capable de retrouver sa trace pour lui incomber, d'une façon ou d'une autre, ses propres échecs.

En attendant, si la gamine choisissait de le suivre jusqu'à une prochaine ville, elle saurait peut-être se montrer utile. Il avait perdu sa précédente escorte ; à défaut d'assassin, elle pourrait peut-être se faire garde du corps. Handicapé d'un bras dans une plaine déserte qui n'attendait que des visiteurs naifs et vulnérables pour se gorger de sang frais, il se satisferait sans trop de manières de cette andouille dégénérée comme escorte.

Mihnea se réveilla de méchante humeur. La nuit avait été longue. Méfiant de sa nouvelle "alliée", il avait invoqué Cerbère pour monter la garde - et la surveiller, elle. Le chiot avait grogné à plusieurs reprises, le réveillant sans qu'il n'y voit de raisons valables. Avait-il vraiment senti quelque chose ou cette créature était-elle idiote ? Mais même sans les grognements du minuscule cerbère, le seigneur se fut éveillé. Ses mouvements ensommeillés remuèrent la douleur dans son bras. Il s'était relevé à moitié en sifflant par trois fois. Au lever, il n'eut à manger qu'un morceau de ce pain elfique sans goût qui permettait de se sustenter en une bouchée.

Et puis il partit avec la timbrée qui remuait sans arrêt sur son cheval, derrière lui. Il la sentit plaquer et décoller sa poitrine à demi nue contre son dos par intermittence, et dut réprimer l'envie de la balancer à terre. Il n'avait qu'un bras valide, et il s'en servait pour guider les rênes. Au bout de longues heures de trajet, son agaçante passagère se tortilla pour lui arracher les rênes et arrêter le cheval.

- Vas-tu te tenir !!!

Râla Mihnea pour la dixième fois. Elle lui donnait l'impression d'être la nourrice d'une enfant particulièrement débile et indisciplinée.

- Non, et maintenant tiens toi tranquille ou pars à pieds !!

Répondit-il à l'ordre de l'adolescente, dont il ignorait la raison mais devinait d'avance qu'il était dénué de sens. En descendant, elle le bouscula. La douleur fusa dans son bras et il perdit l'équilibre, rejoignant malgré lui la folle furieuse. Celle-ci fit alors fuir le cheval d'une claque sur la cuisse, achevant les restes de patience de son compagnon de route.

- MAIS QU'EST-CE QUE TU FAIS, PAUVRE FOLLE ???!

La cinglée en rouge ne lui répondit pas, mais la gueule qui engloutit sa monture eut tôt fait de donner une sorte de sens à son geste. Mihnea se tût, blasé. L'adolescente, elle, éclatait de rire. Passée son hilarité, elle lui fit part de son plan.

- Tu es complètement malade !

Siffla-t-il à la jeune femme, les yeux exorbités. Il avait envie de la frapper. Il avait très envie de la frapper. Son envie s'accrut lorsqu'elle se permit de lui donner un nouvel ordre. Pire, l'ordre de servir d'appât. Il n'avait jamais eu autant envie de frapper une femme de toute son existence. Dressé devant la petite silhouette aux couettes enfantines, la rage aux lèvres, Mihnea fantasmait. Il se voyait la pousser dans le trou ouvert par le ver. Dans son esprit, elle tombait en hurlant et en battant frénétiquement des bras, son décolleté vulgaire frappé par ses seins secoués. Au lieu de cela, il ré-invoqua Cerbère. Ce fut le petit chiot tricéphale qui servit d'appât. Quand il vit l'hystérique courir à toutes jambes vers le ver qui engloutissait Cerbère, il l'imita, tenant son bras endolori contre lui. En sautant, il parvint tout juste à s'accrocher à la bête. Les griffes de son gantelet plantées dans le corps du vers, il se maintint d'un bras. Le trajet jusqu'à Alesia lui parut plus long encore que la très mauvaise nuit qu'il avait passée.

Il sauta du ver peu avant d'arriver aux portes d'Alesia. La chute malmena un peu plus son bras cassé, mais il fut soulagé de descendre de la créature répugnante. Les cris de joie de l'adolescente durant la chevauchée avaient été une plus grande épreuve pour ses nerfs que l'inconfort des mouvements brutaux et changeants du ver. Alesia, sableuse et dorée, se dressait devant lui. Il n'attendit pas pour la rejoindre.

- Je dois voir un guérisseur. Va donc chercher une carte précise des Monts Hurleurs et nous nous retrouvons ici au plus tôt.

Il espérait qu'elle n'insisterait pas pour le pister comme un chien après un charcutier. Il avait terriblement besoin de solitude. Plus que cela, il avait terriblement besoin de se trouver loin d'elle. La délivrance était proche : une fois qu'elle aurait sa petite croix rouge sur la carte, elle irait empoisonner l'existence de Vlad - ou ses cendres, s'il n'était plus de ce monde ! Mais chaque seconde aux côtés de l'énergumène lui rappelait l'enfer. Si elle lui faisait la grâce de ne pas le suivre, il prendrait son temps dans ses affaires. Il était même très probable qu'il irait boire un verre ou deux. Sans laisser à l'adolescente le temps de répondre, Mihnea tourna les talons et s'en alla demander à un passant où trouver un guérisseur.